« Laissez le commissaire Johansson tranquille »
Pourqoi dessiner, griffonner quelques croquis, c’est “cool” et tricoter des chaussettes ou crocheter en écoutant quelqu’un parler, ne le serait tout autant? Il semblerait, d’après les réactions à la photo qui capture Ylva Johansson, commissaire suédoise pour l’Union européenne, en train de tricoter, que ce noble passe-temps soit assez mal vu parmi les commentateurs italiens. Les journaux ont en effet publié la photo du commissaire suédois, affirmant – avec une pointe de scandale – que le discours de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, sur l’état de l’Union, n’aurait pas dû être assez excitant à ses oreilles. De quoi, l’incitant à faire toute autre chose. Bref, en termes simples, l’implication des journalistes était de faire comprendre que Mme Johansson, en pleine séance du Parlement européen, s’ennuyait vraiment. Pire encore – deuxième implication, qui était au contraire bien cachée entre les lignes – était que les femmes : “mieux vaut qu’elles restent à la maison, à tricoter”, ça va sans dire.
Mais qui est-ce-qui a dit que le tricot est une affaire de femmes ?
Mais sommes-nous vraiment si provinciaux ? Et l’Italie a-t-elle vraiment cette image poussiéreuse et conformiste d’un passe-temps aussi ancien, noble et, pour beaucoup, passionnant ? Et puis qui est-ce qui a dit que le commissaire social-démocrate n’écoutait pas avec la plus grande attention ? Mais surtout, qui est-ce qui a dit que le tricot est un métier de femme ? Oui, car, surprise, il y a deux aspects cruciaux que beaucoup (en l’occurrence parmi les médias) ignorent.
1) Premier : faire un travail manuel soft en écoutant quelqu’un aide à la concentration. Ni plus ni moins que ceux qui écoutent s’amusant à faire quelques gribouillages ou dessins.
2) Deuxième, et plus important encore, il semble que les hommes aussi ne déplaisent le tricotage! Oui, une vraie surprise : les hommes qui crochètent ou tricotent pour se détendre sont nombreux. Sans choquer personne et sans faire croire à qui que ce soit qu’ils sont déplacés et qu’il vaudrait bien mieux (dans ce cas) qu’ils retournent au bureau.
Vive la liberté, de faire ce que l’on veut, à condition de ne pas offenser les susceptibilités d’autrui, ni envahir la liberté d’autrui. Et pour cette raison, chers médias, laissez le commissaire Johansson tranquille.
Et qu’en pensez-vous? Connaissez-vous des hommes qui tricotent ? Racontez-nous votre expérience.
Edité par V. A. R.